Les 10 enseignements du défi des 30 jours d’écriture

Le défi des 30 jours

En 2019, je suis tombé sur un article publié sur le site medium.com, un très bon site regroupant des articles qu’on ne lit jamais ailleurs. L’auteur y relatait son défi : écrire un article de 1000 mots minimum chaque jour pendant 30 jours. Je me suis laissé tenter et j’ai relevé le défi.

Voici les 10 enseignements de ces 30 jours d’écriture  :

La première surprise :

Et bien, c’est tout simplement d’avoir réussi le défi. A priori il n’était pas évident d’écrire tous les jours, de trouver le temps. J’écris le midi sur la pause déjeuner, dans le bus en rentrant du bureau, le soir et depuis quelques jours je me lève à 5 h 30 pour écrire. Je profite des vacances, pas d’enfant à réveiller ni de repas du midi à préparer. Alors que je pourrai dormir! C’est fou, non ? Mais commencer la journée par écrire, cela apaise. Ce qui compte le plus passe en premier. Je sais maintenant qu’il est possible d’écrire tous les jours et pourquoi alors s’arrêter à 30 jours ?

Deuxième point :

Écrire est une activité qu’il faut faire passer avant même le travail qui nous fait vivre. La journée doit commencer par ça. Sinon le texte que j’ai en tête resurgit n’importe quand dans la journée et met le bazar dans mes activités en m’envahissant l’esprit. Il faut alors écrire ou les mots vont disparaître. Il n’y a rien de pire que refermer la porte sur sa créativité, sur cette inspiration qui vient.

Troisième point :

L’écriture régulière est un sport d’endurance. Il faut s’échauffer en lisant et relisant ce qui a déjà été écrit pour faire renaître le récit, et continuer les textes débutés le matin ou la veille. Les introductions, les préambules servent à ça : non seulement ils font entrer le lecteur dans l’histoire mais ils font aussi entrer l’auteur dans l’histoire. Quand je suis à court d’idée, et que j’évite le cœur du sujet, je me surprends à peaufiner et fignoler l’intro, rajoutant des détails de ci de là, retardant le moment où il va falloir se lancer pour faire avancer l’histoire, attendant le déclic. La bonne nouvelle, c’est que le second souffle survient toujours.

Quatrième point :

Écrire n’est que la conclusion. C’est la partie visible de l’iceberg. L’essentiel du travail est dans la tête, et l’écriture n’arrive que sur le tard. Puisqu’écrire est un sport d’endurance, il faut nourrir la machine, en l’occurrence le cerveau. L’esprit se nourrit de lectures et d’articles, de podcasts et de conversations. Que tout est potentiellement un sujet d’écriture. Celui qui écrit est un vampire qui aspire et vole les idées, puis les transforme, les mélange, les associe à d’autres et enfin les restitue à sa façon, enrichies de son expérience et de son vécu.

Cinquième point :

Lors de ce défi, je suis tombé en panne de nourritures intellectuelles. A passer tout mon temps à écrire, je n’avais plus le temps de lire ni même d’écouter Jean-Claude Ameisen et Sur les épaules de Darwin (la meilleure émission du monde) qui représente une source inépuisable d’idées et de savoirs transverses. Stephen King dit : si tu veux devenir écrivain, tu n’as que deux choses à faire : écrire autant que tu peux, lire autant que tu peux. J’ai découvert à quel point il avait raison. Mes textes généraux, ceux que j’écris pour transmettre, pour développer des idées et des connaissances, ont fini par disparaître. Mais relever le défi impliquait d’écrire chaque jour, alors j’ai dû me tourner vers l’imaginaire. Et j’ai découvert une autre chose assez inattendue : je suis plutôt doué pour ça ! Inventer un conte, des petits mondes magiques, c’est drôle et amusant, et surtout j’y parviens. Je ne me connaissais pas cette créativité.

Sixième point :

Mettre un rituel en place et avoir des habitudes aide. Avoir des habitudes, c’est mettre en place des automatismes. Les idées se déclenchent plus facilement.

Septième point :

Écrire 1000 mots par jour, c’est avancer de micro-défi en micro-défi, et l’important dans cette phrase est le mot avancer. Bien plus simple que de se dire « je vais écrire un roman de 250000 mots » dont on ne voit jamais la fin. C’est se mettre un objectif S-M-A-R-T : Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste, Temporellement défini. Se consacrer à un article à la fois permet de voir les étincelles qui passent et de conserver les yeux et les oreilles ouverts, justement pour écrire un autre texte. C’est ce que dit l’excentrique artiste australien Tim Minchin lors de la réception de son diplôme d’honneur de je ne sais plus quel université australienne. Il faut écouter son discours (en anglais sous-titré anglais), d’abord parce qu’il est drôle et très peu conventionnel. Ensuite parce que ses conseils méritent qu’on s’y arrête. Ils prennent souvent le contre-pied des discours dominants, et justement pour cela ils ont beaucoup de sens.

Huitième point :

Ma force supposée est plutôt la transmission de connaissances. J’aime relier les disciplines et tisser des liens entre des savoirs qui à priori ne sont pas connectés. Je l’ai dit plus haut, j’ai découvert une capacité à écrire des textes imaginaires. Mais mes textes les plus puissants, des textes personnels, ceux qui touchent et recueillent le plus de commentaires sont ceux qui transmettent une émotion. Et mes articles les plus appréciés et commentés ne sont pas ceux que je place le plus haut et dont je suis le plus fier. Ce qui compte c’est l’émotion d’abord. L’originalité, la créativité et les connaissances viennent après.

Neuvième point :

Il y a beaucoup d’idées, elles sont là tout autour et les mots pour écrire ne demandent qu’à être saisis. Ils sont là comme de petites entités fantôme, comme je l’écrivais hier pour « mon jour 29 ». Il faut parfois tâtonner pour trouver les mots, ou pas. Trouver les mots, c’est comme descendre dans une mine : des fois je pioche sans répit, sans succès, et ne remonte que quelques pauvres phrases laborieuses, et d’autres fois je tombe sur un filon.

Dixième point :

Il y a trois ans, une psychologue m’a dit qu’une des caractéristiques essentielles de mon profil psychologique et de mon mode de réflexion était d’avoir une pensée en arborescence. En théorie, chacune de mes idées pouvaient être représentées par le tronc d’un arbre qui donnerait naissance à de multiples autres branches, à de multiples autres idées que je dois gérer en parallèle. J’étais bien embêté, je ne voyais pas du tout de quoi elle parlait ! Plus le temps a passé, plus j’ai commencé à comprendre comment je pense. Mais après ces 30 jours, je sais sans doute possible qu’elle avait raison. Quel bazar toutes ces pensées qui se télescopent ! La difficulté n’est pas tant de trouver des idées que de limiter et de sélectionner quelques idées dans cette pluie météoritique d’idées qui me tombent dessus. J’ai tendance à vouloir trop en mettre : il est difficile d’en laisser sur le côté, je les trouve plutôt chouettes mes idées ! Mais si j’en mets trop, le texte devient fouillis et perd sa ligne directrice. Donc je pars sur une branche et coupe les autres…

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