Comment quitter son job pour devenir écrivain?

Que diriez-vous de commencer par une petite histoire ?

Il n’en a plus pour longtemps. Le dérapage a été long et inconscient, mais depuis qu’il a lui-même déclenché le compte à rebours, le tremplin qui va le propulser dans sa nouvelle vie est désormais bien visible à l’horizon. Son horloge interne rythme maintenant sa vie d’un imperceptible et inexorable tempo. 

L’ingénieur fixe le plus grand de ses trois écrans, encore vierge de mots, et tourne la tête vers le mur où s’affiche le calendrier de l’année. Les jours passés sont annotés de Done pour tracer ses avancées dans sa to do liste et le soutenir dans son élan vers la porte de sortie qu’il s’est choisie. Pas besoin de préciser ce qui se cache derrière ces Done, leur présence seule est nécessaire, pour le motiver, pour dessiner une trajectoire. Une croix ferait tout aussi bien l’affaire, mais tracer les quatre lettres de Done impose une durée, quelques secondes de plus pour savourer et jouir de l’accomplissement. Car tout est dans sa tête. 

Il le sait bien, lui, qu’il se construit un filet, pour optimiser l’atterrissage. À chaque jour sa nouvelle maille : un début de texte, ou simplement une idée jubilatoire ou amusante, qu’il ne manque pas de noter ; une communication sur les réseaux, Instagram ou Facebook ; une vidéo des nombreuses formations qu’il s’est offert sur l’écriture, la publication sur Amazon ou la création d’une communauté. 

Se lancer dans l'inconnu pour devenir écrivain

L’ingénieur commence à frapper sur son clavier : sur le doc word s’inscrivent les premiers mots de sa première newsletter. Ces phrases sont sa maille du jour, un chainon que tous les spécialistes disent essentiels pour se constituer un filet, ou un parachute, solide. Car si l’ingénieur est maintenant certain de sauter le pas et de quitter son emploi dans les mois à venir, réussir la métamorphose en écrivain vivant de ses écrits est beaucoup plus aléatoire. Alea jacta est. Dans l’instant présent, l’homme devant son écran s’attache à soigner la beauté du vol. Quant à prédire le lieu et la qualité de l’atterrissage, seul l’avenir en décidera. 

Une seule certitude : écrivain, il l’est assurément : un thriller humoristique publié, un roman policier chez les éditeurs, un roman fantasy tout juste corrigé et une version érotique du thriller – pour répondre à un appel à texte – chez la correctrice. 

Qu’est ce qui fait qu’un type NORMAL, père de famille, avec un crédit, un travail intéressant et un bon salaire, décide de tout plaquer POUR VIVRE SON RÊVE ? 

 

Comment l’ingénieur que je suis en est-il arrivé là ? 

C’est ce que je vous propose de vous raconter dans la suite de ce courrier. 

Je suis écrivain et de moins en moins ingénieur. La preuve dans ce début de courrier que j’ai voulu amorcer comme un récit. Il faut simplement que je m’habitue à le dire quand on me posera la question : « Et toi, qu’est-ce que tu fais ? » (Car oui, je ne cesse de rater les occasions, cela ne sort pas encore naturellement, cela reste encore un peu coincé dans la gorge, je suis certain que vous voyez ce que je veux dire…) 

 Dans cette newsletter, j’ai envie de vous parler du chemin suivi et du grand chamboulement en cours. Cela pourrait surgir un beau jour dans votre vie aussi ! Vous êtes en effet nombreux à en avoir envie. Alors il ne s’agit pas d’une recette miracle, je vais vous parler de mon expérience et de ce qui a fonctionné pour moi alors même que je n’avais pas conscience du processus en cours.  

 Bon, cela dit, je suis au milieu de l’histoire, je n’en connais pas la fin, mais ce que je peux vous dire, c’est que tout a commencé un bel après-midi de juillet 2017 en lisant un bilan psychologique. (Avoir des enfants soulèvent des questions dont les réponses vous reviennent souvent tel un boomerang dans la figure !) 

Ce bilan, ce fut un choc ! … une secousse ! … un bouleversement ! Que dis-je, ce fut un bouleversement ? … Ce fut un tremblement de vie ! J’ai découvert que j’avais été un enfant précoce et rejoué l’histoire de ma vie avec ce nouveau paramètre. J’ai compris les raisons des actions passées et boosté ma confiance en moi. 

Moralité : se connaître soi-même et savoir comment l’on fonctionne est le socle fondamental sur lequel avancer. 

 Le problème c’est que je n’avançais pas tellement… On peut augmenter sa confiance en soi et rester statique ! J’avais beau en savoir un peu plus sur le mode de fonctionnement de mon cerveau, so what ?  Alors ma femme m’a donné un petit coup de pouce en m’offrant un atelier intitulé « Bloom, l’atelier d’écriture qui fait du bien ». Moi, ce qui m’a plu, c’est « atelier d’écriture ». Mais elle, maligne, visait plutôt la composante développement personnel se cachant dans « qui fait du bien ». Je me suis lâché, confié : il est facile d’écrire à des noms sans visage dissimulés dans un groupe Facebook.  

Résultat de l’atelier : ce que j’écrivais était plébiscité, j’avais des lecteurs, j’ai compris que ce que j’écrivais pouvait plaire à de parfaits inconnus. 

 Moralité : ne jamais sous-estimer l’importance d’être bien accompagné, encouragé et boosté par ceux qui vous aiment. 

 Ensuite, il y a eu le défi des 30 jours que je me suis lancé, pour me tester (un article de 1000 mots tous les jours) et qui a duré… 52 jours. Je vous conseille l’exercice, c’est très instructif et j’en parle ici : les-10-enseignements-du-defi-des-30-jours 

Puis est arrivé ce feuilleton en forme de pari qui a donné naissance à mon premier roman inattendu qu’est La Folle Erreur de Don Cortisone. 

Couverture du roman La Folle Erreur de Don Cortisone

J’ai compris que je ne serais jamais nulle part plus à ma place en ce monde que devant mon écran, en train d’inventer une histoire. Quand j’écris, je me sens stable, ancré, solide, en cohérence avec moi-même, avec le monde et même avec l’univers, n’ayons pas peur des mots ! 

J’ai une théorie : nous aurions tous en nous une fonction intrinsèque principale, un rôle qui correspondrait profondément à notre nature. Il y a les médiateurs/pacificateurs qui apaisent les tensions entre individus, et les organisateurs, et les architectes et ceux qui connectent les gens entre eux. Moi, je suis scribe. Je suis écrivain parce qu’au-delà de mon activité d’écriture, cela me définit moi. 

 Je crois qu’avoir cette conviction est une grande victoire. C’est quand même bien pratique dans les moments de doute : ce que je fais et ce que je suis seront dorénavant en adéquation, ce que je fais définira ce que je suis. 

 Je vous souhaite de tout cœur pouvoir un jour dire la même chose. 

 Puis tout s’est accéléré. 

La formation Licares m’a donné des techniques d’écriture et un réseau. Cécile Duquenne et Jupiter Phaeton prouvent qu’il est possible de vendre suffisamment de romans pour en vivre. David Laroche m’explique dans sa masterclass à prendre confiance et à réaliser mes projets. Je baigne dans le fond diffus des messages positifs omniprésents, insistants et répétés du quatuor Alexandre Jollien, Matthieu Ricart, Christophe André et Frédéric Lenoir, invitant à trouver ma voie et vivre ma vie. 

 Alors, pourquoi pas moi ? 

Je m’offre ce cadeau d’un créneau de deux ans pour écrire. 

Le chemin m’ayant mené à cette décision est pavé d’étapes, mais je crois que ces étapes sont universelles, elles pourraient être les vôtres : 

  1. Se connaître, vraiment, et savoir pourquoi l’on écrit : c’est de là que vient la motivation (le plus dur, la connaissance de soi c’est ce qu’il faut creuser, c’est parfois de l’archéologie) 
  2. Être entouré, encouragé, aidé, challengé aussi, pour sortir de sa zone de confort (on ne fait rien de grand dans cette zone-là) 
  3. Se former à l’écriture romanesque (apprendre, toujours apprendre…) 
  4. Avoir sous les yeux des exemples, des mentors, des personnes inspirantes (vous en faites partie) 

 

Dans quelques mois, je serai écrivain à plein temps. Et en attendant ?  

 Trois nouveaux romans sont en attentes de leur destin, à soumettre, ou pas (car les délais sont tellement longs), à des éditeurs. Mes lecteurs me demandent une suite à La Folle Erreur de Don Cortisone : ils ont appris, voyagé et surtout bien rigolé, ils en redemandent. Alors j’y réfléchis. Mais le projet est lancé. Non, le gros boulot n’est pas l’écriture, mais me faire connaître des libraires, de ma mairie, des réseaux : alimenter mon blog, communiquer et rédiger cette newsletter. 

 C’est là que j’ai besoin de vous ! Si ce texte vous a plu, parlez-en, diffusez le, laissez un commentaire sur mon site, abonnez-vous à la newsletter. 

 Et si vous êtes arrivés jusqu’ici, merci. C’était un long texte. 

 

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